samedi 4 juillet 2015

De Cape Girardeau à St Louis


Les inondations continuent à contrarier ma route. Après Fruitland, je dois encore faire un long détour, et j'affute mes mollets (qui vont bientôt éclater sous la puissance des muscles) pour le Tour de France. Au fait, il a dû commencer depuis un moment, non?
C'est vraiment des parcours durs pour moi, je commence à avoir mal partout. A Perryville, où je fais une pause à la bibliothèque, un monsieur me dit que j'aurais dû rester dans L'Illinois, que la rive là bas est toute plate. Mais si c'est plat, c'est peut être bien inondé aussi.
A Ste Mary, c'est pareil, encore de l'eau, et une déviation.
J'y avais repéré un Bed and breakfast, qui en réalité est un "manor" très classe en haut d'une falaise. Je me tue les reins à pousser le vélo sur l'allée en graviers qui y monte. Mais comme je n'ai pas réservé, il n'y a personne, sauf un couple de clients, heureusement car sinon j'étais capable de planter ma tente dans l'impeccable jardin de la propriété.
Très aimables, ils vont passer la soirée à ste Geneviève, c'est justement sur ma route à 9 miles, et ils me proposent de m'y amener (heureusement, tout le monde a un pickup ici, c'est pas un cliché!) et ça m'arrange bien! Je prends une chambre là bas dans un motel, ça me fait un peu de repos.
Le lendemain, je me réveille avec un super mal au dos (la poussette dans la montée au "manor"), il a plu et on annonce des orages dans la journée, et j'ai aussi vu le dénivelé qui m'attend. Je ne suis pas pressée d'y aller. Il y a bien un ferry qui pourrait m'amener côté Illinois ( il parait que c'est plat, et c'est même plus court pour arriver à st Louis), mais j'ai raison de ne pas y croire, car évidemment le service du ferry est interrompu en ce moment.
Je vais faire un tour dans la ville de ste Geneviève, qui a plusieurs maisons anciennes, témoignages d'une occupation canadienne française.




La Bolduc house à Ste Geneviève 
Et d'autres maisons remarquables à Ste Geneviève 

Pas trop la pêche, et je me dis qu'avec tous ces gentils américains qui m'ont proposé un pickup sans que j'aie rien demandé, je pourrais peut être faire du vélo stop pour st Louis.

J'essaie de me placer à un endroit stratégique, sans trop de succès,excepté Mary, qui n'a pas de pickup, mais son propre vélo à l'arrière de sa voiture. Elle aussi est vraiment super, elle part laisser son vélo quelque part et revient me récupérer, pour me déposer à Cristal city, ça me fait gagner vraiment beaucoup de temps, en plus les orages ne sont annoncés que pour la soirée. En se quittant , elle me laisse aussi les coordonnées de sa soeur (à st Louis) et de son frère (dans le Minnesota ) qui pourront m'aider. Je suis vraiment heureuse de ces rencontres inattendues qui interviennent chaque fois à un moment de découragement. C'est comme un rebondissement qui déclenche un nouveau départ.

Et la journée n'est pas finie !

Car à peine 10 miles plus loin, après un arrêt café gâteau dans une boulangerie (c'est rare sur mon chemin et j'en profite!), je constate que mon pneu avant est à plat. Je comprends aussi pourquoi j'en bavais autant.
Je pousse un peu le vélo vers une station essence proche (pour le compresseur) quand je suis abordée par une jeune fille en vélo-sacoches. Je finissais par croire que j'étais seule en vélo sur ces routes ! Alyssa aussi tombe du ciel, elle m'aide à changer la chambre, elle aussi va à St Louis, dans le même hostel, et elle me propose de faire la route ensemble.

Mais pas de bol, j'ai fait du mauvais boulot et je recrève. Et tous les miles environ, je m'arrête pour pomper, soit avec ma mini pompe (mais ça dure pas longtemps) soit avec le compressseur d'une station essence quand on trouve.
L'arrivée à st Louis est laborieuse et Alyssa ne m'a pas abandonnée. On entre dans la ville en même temps que l'orage éclate. Mais pas n'importe quel orage, un déluge de fou, on ne voit plus rien, ça claque partout autour de nous. Mon pneu de nouveau à plat, je m'arrête pour pousser dans le chaos, puis je vois la lueur de la lampe d'Alyssa qui s'agite pour me guider :elle a trouvé refuge chez les pompiers ! Ils nous filent des serviettes, et nous accueillent dans leur salle de repos. Eux aussi doivent sortir en intervention, car en quelques minutes, la rue est devenue une rivière. On est vraiment arrivées juste à temps!

Et le plus dingue, c'est qu'une fois l'orage calmé ils nous proposent de nous emmener à notre hostel qui est tout prés : et oui, on embarque avec nos vélos dans le camion rouge ! Quelle arrivée glorieuse à Huckleberry Finn Hostel ! Et oui , parce qu'en plus il s'appelle comme ça!

Mary, la cycliste, qui me conduit à Cristal City
Chez les pompiers à st Louis

mardi 30 juin 2015

De Tiptonville à Cape Girardeau

J'ai d'autres confirmations pour le service suspendu du ferry et ça ne m'arrange pas du tout, car je me réjouissais de rouler sur la rive ouest, et ça m'évitait de passer un pont réputé dangereux sur l'Ohio à Cairo.
La bonne nouvelle c'est que la chaleur extrême a disparu : enfin il fait bon, frais même, je ne meurs plus de soif, et je transpire raisonnablement.
Après quelques hésitations, je révise mon itinéraire et en partant du camping, je continue à longer le Reelfoot lake, qui est bordé de resorts et de terrains de vacances pour pêcheurs. Il fait très bon, mais la contrepartie, c'est qu'il y a du vent, et qu'il vient de face. Jamais contente !
Je passe Samburg, puis j'arrive bientôt par une route presque déserte à la ligne de limite Tenessee/Kentucky.
A Hickman (là où le fameux ferry fait la navette en principe),effectivement, il y a beaucoup d'eau, il parait que ça arrive assez souvent. Ça semble aussi être une ville fantôme.


Bibliothèque de Tiptonville La fresque été réalisée par 2 dames du village

Linda, qui m'y a accueillie si gentiment
Et le soir 2 jeunes qui travaillent sur le State park viennent me présenter Lucy, un eastern screech owl (petit-duc maculé) recueillie depuis novembre, toute mignonne.
On peut la caresser en faisant glisser 2 doigts sur son dos
Ce matin il fait enfin un peu frais Le lac vu du camping
...et quelques véhicules qu'on ne voit pas chez nous
Cet énorme ventilateur tourne en permanence même s'il n'y a personne. -



J'ai aidé celle-ci à traverser la route

 inondations à Hickman




Dans l'hypothèse où j'étais en forme, j'envisageais de dormir au camping de Colombus, ce qui m'aurait fait une étape de 70 miles. Mais mes hésitations et le vent m'ont retardée, et le dernier truc qui tue : au croisement vers Colombus, un écriteau indique que la route est coupée 4 miles plus loin. Damned! Un automobiliste me confirme la chose et de nouveau je dois changer mes plans, mais il est déjà 18h et justement au croisement se trouvent un cimetière et une mignonne petite église méthodiste isolés, avec plein de pelouse.

Je m'aperçois même qu'elle n'est pas fermée et je me vais me poser dans la salle de l'école du dimanche, équipée même d'une cuisine. Je suis juste dérangée par un papa et son fils qui viennent utiliser les toilettes, ne sont pas du tout surpris de me trouver là et me disent que cette église est connue pour être toujours ouverte. Bonne maison !

Alors qu'est ce que vous auriez fait à ma place ? Ben j'ai rentré mon vélo et j'ai dormi à l'intérieur.

Le lendemain je ne me suis pas attardée car c'est dimanche et il y aura sûrement du monde de bonne heure. Je laisse un petit mot de remerciement sur le livre d'or.
La salle de l'école du dimanche 
L'église d'Oakwood toujours ouverte pour les voyageurs
Des silos comme on en voit partout
La 1ère vigne sur mon chemin
Je cède à la tentation des boissons énergisantes
A Fort Jefferson, plusieurs marqueurs historiques :


Le fort a été abandonné suite à un massacre par les indiens
Sur le chemin de l'expédition de Lewis et Clarke 

Le vent est tombé, ça roule bien et comme il est tôt, tout est silencieux, j'ai la chance de voir passer plein d'animaux, y compris un gracieux daim ( 2 fois dans la journée). A Colombus, je me présente au camping du state park pour demander des infos sur la route à prendre, car je n'ai pas encore pu trouver une carte du Kentucky, Je rencontre July et John, de Floride, qui se mettent en 4, me sortent toutes leurs cartes routières,nous échangeons cartes du Tenessee contre carte du Missouri où je serai bientôt, et je suis mise en garde au sujet du pont sur l'Ohio à Cairo qui est réputé très dangereux, ce qui me sera confirmé au visitor Center de Wickliffe. Comme c'est dimanche,je n'ai pas pu mobiliser une escorte policière (c'est carrément ce qui est conseillé dans mon topo!), mais je me dis qu'il y aura moins de camions qu'en semaine, j'enfile mon gilet de sécurité jaune et j'avance avec bravoure sur le pont de la mort. En fait il n'y a que 2 voies, pas d'accotement et ça circule vraiment vite.

On m'avait dit que le pont était dangereux, mais la ville de Cairo ( je viens d'entrer dans l'Illinois) juste après a également très mauvaise réputation, on m'a dit qu'il ne faut pas m'y arrêter (tout comme East St Louis parait il). Je n'ai pas écouté et m'arrête quand même au Subway prendre un Sprite à la fontaine. Même sur le parking une femme me recommande de faire très attention. Bigre !!!

Et c'est sur la route 3, toujours très fréquentée par de gros et longs camions et remorques, que mon compteur m'annonce que j'ai atteint les 1000 miles !


La traversée du Kentucky a été rapide , celle de L'Illinois aussi
YES !!! Ce 28 juin vers 17h
2 tandemistes au lac Horseshoe
Vu du camping
Après Memphis et Cairo...
Les pieds dans l'eau
Le pont qui mène à Cape Girardeau et au Missouri

Heureusement, je la quitte pour prendre la route du lac Horseshoe, où je vois un nombre incroyable d'écureuils vraiment pas farouches. Avant d'arriver au camping, je longe le lac, qui est magnifique. Le camping est assez rustique, vide à part une famille, mais il y a des douches et l'électricité.Le lendemain, après un super breakfast (oeufs cuisson over medium et toasts) à Olive Branch, je pense judicieux de changer de rive pour arriver plus facilement à St Louis et le pont sur le Mississippi pour rejoindre Cape Girardeau (on a encore changé d'état :on arrive maintenant dans le Missouri), est heureusement large et facile. Cape Girardeau tient son nom d'un français Jean Baptiste Girardeau qui avait fondé là avec Pierre-Louis de Lorimier, une sorte de comptoir commercial. Au visitor center, je suis très bien accueillie avec 2 bouteilles d'eau fraiche, et des informations malheureusement pas géniales : la route que j'avais prévu de prendre est également coupée de ce côté ci, et il me faut faire un détour interminable par des routes chargées, puis moins chargées mais hyper dures. Ça grimpe fort, c'est joli d'ailleurs, on dirait l'Auvergne , ou la Suisse, il y a des élevages, mais au secours, je ne suis pas venu là pour faire des cols !

L'accueil du state park Trail of tears est déjà fermé, l'un des 2 campings est sous l'eau (mais on me l'avait dit), l'autre est de type "primitif" avec des bancs et des toilettes sèches, mais malheureusement il n'y a PAS D' EAU !!!

Je ne m'attendais pas à ça et évidemment il ne me reste qu'une pauvre petite bouteille jusqu'à demain matin. De plus je suis complètement seule dans cet immense parc (qui à part moi viendrait camper si loin sans eau ni électricité ?), et là c'est un peu la loose, je me maudis d'être allée si loin par une route si dure pour dormir dans un camping officiel (j'espérais une douche) alors qu'il y a tant de petites églises accueillantes et entourées de pelouses moelleuses !
L'église St Vincent, et juste à côté ...
... une synagogue
La maison rouge
L'expédition de Lewis et Clarke vers le Pacifique est passée par ici.
Les fresques du wall of fame
Bien sur le Casino
Ca devient très vallonné, on dirait l'Auvergne...
...et les vaches ont de drôles de cornes
Toujours de la compagnie
Au camping du state park Trail of tears, il n'y a pas d'eau.
Heureusement ces myrtilles sont très juteuses