Oui, la nuit passée près de cette petite église a été la pire du voyage, j'ai presque pas dormi, à cause de la chaleur (pas un souffle ce soir là, même après l'orage),et du bruit de la circulation car je me trouvais à une intersection avec une route que je pensais très secondaire, mais finalement elle devait desservir pas mal d'habitations, parce qu'il y a eu un de ces trafics ! ...et chaque fois, ça ne ratait pas : chaque voiture ralentissait, intriguée de voir ma tente, s'arrêtait, parfois demandait si j'avais tout ce qui me fallait..
Et même plus tard dans la nuit, la circulation n'a pas arrêté, je voyais les phares ralentir, je me demandais s'il fallait me préparer à sortir expliquer ma présence...Mais le pire, LE PIRE, c'étaient encore ces satanés :-( moustiques qui mont rendue folle. D'ailleurs j'en porte encore les résultats partout sur le corps. Et quel inconfort de se gratter au sang sur une peau pas lavée depuis ...., pleine de sueur mélangée à la crème solaire et au spray anti moustiques (une belle fumisterie d'ailleurs) !
En fait, il y a les moustiques bien identifiables, mais aussi d'autres microscopiques bébêtes dont j'ai oublié le nom, qui sont encore bien plus sournoises, qui font un vrai carnage, sans doute excitées par les orages imminents. Je me disais qu'avec tous les insecticides qui sont balancés dans les champs de coton, les survivants doivent vraiment être devenus de vigoureux mutants qui se gaussent des pauvres répulsifs et autres sprays.
Et comme j'ai remis le lendemain le cuissard de la veille, elles avaient dû s'y planquer pendant la nuit, car toute la journée suivante, mes cuisses m'ont encore démangée furieusement. Heureusement la journée m'a donné l'occasion de faire plusieurs belles rencontres.
Cette partie là du MRT est plus éloignée du fleuve et présente un paysage de cultures sans suprises : vastes champs de coton, de maïs, de coton, de maïs......quelques immenses hangars avec des tracteurs énormes, de gros silos, mais peu de villages, donc peu de distractions ni d'occasions de boire un coup. Et il fait soif ! La route est la highway 1, elle fait partie de l'itinéraire de Mississippi River Blues Trail, qui est jalonné de panneaux informatifs sur les lieux qui ont marqué l'histoire du Blues, et je réalise que cette petite route où je pédale et ces minuscules villages pauvres et en déclin (maisons abandonnées, commerces fermés) que je traverse sont précisément ceux-là où ont vécu les plus grands bluesmen.
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Le village de Benoit a ses champions |
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La poste de Beulah |
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Heureusement qu'il y a de très nombreuses églises tout le long de mon chemin et qu'il est tout à fait possible d'y planter sa tente. |
Je traverse donc les villages de Benoit, puis Scott, où je trouve avec bonheur un country store/restaurant tenu par un couple bien sympa, qui sont tout contents de découvrir que leur établissement est indiqué dans mon topo guide. J'y prends un breakfast copieux avec des oeufs brouillés et du "grit", une sorte de semoule compacte, bien bonne avec un morceau de beurre et de la sauce cajun. et encore des french toasts. Je repars avec le plein d'eau fraiche auquel ils m'ont gentiment ajouté plein de glaçons. A Rosedale,qui semble être un peu plus importante (6000 habitants), je vais vérifier si le State park est toujours fermé,et effectivement c'est toujours le cas depuis les inondations de 2011. Dans cette petite ville, alors que je cherche un peu de ravitaillement, Gregory, un jeune black à l'allure un peu misérable, vient discuter, puis va demander pour moi à la mairie où il y aurait du wifi. Ici on est loin de Mountain View, et ca fait belle lurette que j'ai pas vu un mac do, un starbuck ou un subway. C'est d'ailleurs pour ça qu'il y a tant de retard dans la mise à jour de ce blog. Pas de wifi à Rosedale, mais Gregory m'accompagne à la bibliothèque municipale où on me prête un ordi et j'y passe un moment à nettoyer ma boîte mail. La bibliothécaire aussi vient discuter le coup, puis je propose à Gregory qui ne m'a pas quittée, de
manger un morceau au "Quick stop" station essence, seul point de ravitaillement. On va manger sous un kiosque en bois avec deux autres jeunes qui boivent des bières emballées dans un sac en papier kraft (ici quand tu achètes une bière à l'unité, on te l'emballe toujours dans un sac opaque) Ces rencontres sympas m'ont donné la patate. et je repars gaillardement vers l'aventure, car je sais qu'il n'y aura aucun camping sur la route pour ce soir.
Et c'est encore prés dune petite église que je vais planter ma tente, avec la bénédiction de Sylvester. Le lendemain matin, il viendra m'apporter le petit déjeuner : du café chaud, des oeufs, des toasts, des sortes de boulettes, et aussi un plein sachet de coockies. Il vient me livrer tout ça en pickup, alors qu'il habite exactement en face, de l'autre côté de la route, et maintenant, je comprends pourquoi : si tu poses un pied dans l'herbe, tu te le fais dévorer aussitôt par ces micro moustiques ! Moi,je ne suis plus à ça près.
J'aurais 2 autres visites de voisins curieux, pareil, qui ne descendront pas du vehicule. L'un d'eux me dit avoir passé plusieurs mois dans les années 50 sur une base militaire à Verdun.
Et j'oubliais : ce minuscule village si accueillant s'appelle "Alligator" !
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C'est Sylvester qui vient de m'apporter un petit déjeuner complet. |
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La Poste de Rena Lara juste après Alligator |
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Je me demande bien pour qui va voter le propriétaire de ce terrain |
Devant un mini musée (fermé) à Friars Point consacré à la guerre
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Minnie Ball house |
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Champs de coton à droite, champs de coton à gauche |
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Full Moon Lake |
Regonflée par cet accueil si sympa, et dopée par les tranfusions moustiqueuses, je démarre la journée en pleine forme. J'apprécie que le ciel soit couvert, il fait un peu moins chaud, et j'avance vite, je dois avoir le vent de dos.
Je passe d'autres villages, Rena Lara, Friars Point,Puis Je prends une petite route qui longe le Moon Lake ,un lac en forme de croissant, où il y a beaucoup de maisons de week end, Lula, et comme je suis toujours dans un bon rythme, poussée par le vent, j'arrive enfin dej journée à Tunicaarrive à Tunica, qui semble être une vraie petite ville, je rôde un peu, je tombe sur la fire station (les pompiers) et je tente ma chance chez eux. J'y suis très bien accueillie et on me propose de suivre l'un d'eux qui m'indique un endroit gazonné avec même une sorte de barnum où je serais abritée en cas de pluie. Il me dit que je serai en sécurité et qu'ils garderont un oeil sur moi. Tout se présente donc parfaitement, et je commence à dérouler ma tente, quand arrive une petite dame blonde qui voit que je suis en vélo et m'arrête de suite, en me disant qu'elle connait quelqu'un qui héberge les voyageurs en vélo, et quelle tient àaussi à m'offrir le dîner. En réalité je suis complètement ahurie, je ne suis pas du tout sûre de comprendre ce qui se passe. Et pourtant... elle m'amène une rue plus loin, au Café Mary, qui est plus ou moins un hôtel (je crois avoir compris qu'il n'est plus en activité), me présente le patron, qui effectivement accueille volontiers les cyclistes de passage. La fille du patron, Chelsea, me montre ma chambre, une vaste chambre d'hôtel avec la clim, un lit immense, salle de bain, serviettes, elle s'excuse même que la télé ne marche pas. Les chambres voisines sont occupées par son père et ses soeurs. Puis on se retrouve tous au comptoir du bar (la salle de resto où est garé mon velo est fermée aussi), Jeanny, la femme qui m'a emmenée là, a fait venir son Jules, des amis, on boit et on me demande ce que je veux manger (heureusement il y a du catfish, en nuggets comme toujours, mais frais pêché dans le lac voisin), on mange tous ensemble, et j'en reviens toujours pas de ce qui m'arrive. Tout le monde me parle de la "southern hospitality". Jeanny est très sympa et me dit quelle aimerait bien ouvrir un hostel (=auberge de jeunesse) à Tunica, que ce serait une bonne étape sur le MRT. Quel bonheur, cette douche avant d'aller au lit !
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Au "Full Moon", Bait and Deli chez Joel |
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My favourite |
Salut Joelle,
RépondreSupprimerRavi de lire ces bonnes rencontres ! Tu avances vite (j'essaie de suivre sur Google Map et de repérer les lieux, et je suis surpris de devoir aller tant au Nord à chaque fois !)
Pour les moustiques, t'as essayé de verser sur tes habits un peu de limonade au "natural lemon flavor" ? ;)
Courage et bonne visite de Memphis !
Bises,
Fabien
Quel plaisir de lire ces aventures! Et j imagine d ici les fameux moustiques. D ailleurs peux tu mettre des photos des traces de piqures et autres pustules?
RépondreSupprimerIl semblerait que la sous traitance du blog a démarré : il y a du texte! Merci aux gentils bienfaiteurs!
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