lundi 29 juin 2015

De Memphis à Tiptonville

C'est le vrai départ de Memphis, mais mon objectif de la journée n'est pas très ambitieux : le Meeman Shelby Forest state park où il y a un camping et ca me fait seulement une trentaine de miles au départ de chez Heidi.
Donc, je fais une pause à un salon de coiffure, et confie ma tête à une "fat mama" un peu revêche et autoritaire pour qu'elle me fasse une coupe plus courte, mes cheveux me tiennent vraiment trop chaud. Avec quelques cm de moins, un brushing à la Sue Ellen, et une tonne de laque plus tard, je remets ma casquette par dessus et c'est reparti pour visiter Mud Island, une petite presqu'ile desservie par une navette aérienne (mais moi je vais avec les grands sur le pont des voitures). Sur Mud Island, le Mississipi inférieur est représenté à échelle réduite et tout est exactement et fidèlement reconstitué, les lacs adjacents, les iles, les crevasses. Il y a même un léger courant sur lequel les enfants font voguer leur bateau. J'en profite pour refaire le voyage depuis la Nouvelle Orléans et pour repérer les prochaines étapes.
Je décolle vers 15h sous la chaleur habituelle et j'arrive crevée au camping, car le state park est très vallonné. On m'attribue une énorme place avec table, bancs, Bbq, eau et électricité et je vais immédiatement me rafraichir et massacrer définitivement mon brushing.
Le soir tombe avec ses moustiques, et aussi les lucioles : j'avais oublié d'en parler mais tous les soirs depuis mon départ je vois des tas de lucioles. Il y a aussi des sortes de cigales, qui à l'inverse de chez nous,démarrent leur sérénade à la tombée de la nuit et c'est très bruyant.
Le lendemain mercredi ça continue comme ça s'est terminé la veille: c'est à dire très physique. Si jusqu'à présent le "trail" était plat dans l'ensemble. sauf à Vicksburg, ce n'est plus du tout le cas et ça ne fait que monter et descendre et bien sûr la chaleur est insupportable.
Le paysage est constitué de très grandes propriétés avec de grandes maisons dessus, mais rien d'accueillant pour faire une pause, tout est bien identifié comme privé. Et aucun village, aucune epicerie ni station essence. Ce n'est que vers 14h que je tombe sur cet abri sympa et ombragé nommé Sugar Creek. Pas d'eau, mais je déniche une prise électrique. Je fais même une siestounette sur la balancelle, tellement je suis épuisée. Je devine que le trail va continuer sur le même mode, alors je tente un raccourci par la highway 51, qui m'amène direct à Covington, le long d'espaces commerciaux et tertiaires. Je suis tentée par une enseigne de motel, et comme je n'ai aucun hébergement prévu ce soir, mon hésitation ne dure guère.
Encore une très mauvaise nuit à cause évidemment des moustiques qui, les teigneux, m'attendaient là.
Comme je n'arrive pas à dormir malgré la fatigue, j'en profite pour faire le point sur le programme du lendemain. Il a l'air tout aussi dur que la veille, en terrain isolé sans village (c'est surtout ça qui me manque, les pauses rafraichissement), et surtout complexe avec une page entière pour indiquer les directions à prendre, qu'il faut décoder dans le sens sud =>nord.
Après cette mauvaise nuit, je suis donc de mauvaise humeur et je décide de continuer sur la highway au lieu de suivre les routes "scenic" mais épuisantes de mon topo, et même si c'est pas très fun, au moins j'avance, les accotements font 2 mètres de large, les dénivelés sont plus doux et je peux faire tourner les braquets en douceur.




les 2 chattes de Heidi
mon hôtesse Heidi
en passant le pont qui mène à Mud Island
Ca c'est l'autre pont qui mène en Arkansas
Le Mississippi charrie d'énormes troncs
La navette pour Mud Island
Le Mississippi reconstitue
... et je peux voir a quoi ressemble le delta dans le golfe du Mexique, puisque je ne suis pas allée jusque là


au campground du state park Meeman Shelby Forest
Pause et sieste à Sugar Creek
Je la quitte quand même un peu plus loin , car j'ai repéré une route parallèle plus calme qui m'amène à d'abord à Henning, une sorte de village fantôme, où presque tout semble à l'abandon (à cause de la nouvelle highway?), les magasins en rez de chaussée sont fermés et les apparts au-dessus sont tout délabrés. Il n'y a que la mairie et la poste qui sont toutes neuves. Puis j'arrive à la ville suivante Ripley, où je trouve par chance un salad-bar dans un supermarché qui vend même quelques produits intéressants. Comme je n'avais pas suivi mon topo, je me perds un peu en repartant, puis je récupère le MRT près d'une station service où je fais un arrêt prolongé. La, tout le monde vient discuter, et ils s'inquiètent pour moi, car il semble que la route qui m'attend est vallonnee et que les camions ne me verront qu'au dernier moment. Finalement c'est un routier qui assure qu'il va prévenir ses collègues par radio et leur demander de faire gaffe. Je repars toute joyeuse de rencontrer des gens si bienveillants. Finalement la portion de route qui leur faisait peur n'est pas si longue et pas pire que d'autres des 2 derniers jours. Et les camions bifurquent ensuite sur une autre direction, et moi sur la route SH 181 construite sur une digue, et c'est PLAT PLAT PLAT, large et il n'y a plus personne !
On m'avait prévenue d'inondations et effectivement les champs sont sous l'eau.
Je trouve assez facilement un coin pour poser ma tente, près d'un champ hors d'eau. Je passe sur la chaleur, les moustiques et le lendemain hardi sur la route 181 ! Ca roule bien,facile, mais c'est long !
Car ce qu'on m'avait dit aussi à la dernière station service c'est que j'aurais environ 35 miles avant de trouver un endroit pour m'approvisionner. J'ai réussi à économiser plus ou moins ma réserve d'eau jusqu'à maintenant, mais avec cette chaleur c'est juste impossible de résister, et ca devient très critique. J'arrive à Ridgely juste avant de mourir de soif. C'est un petit resto tout sympa et le patron me remplit mon verre d'eau et de glaçons au moins 5 fois! J'y déjeune de champignons (en beignet, comme à peu près tout ce qui se mange), de frites et de pommes fruits cuites très bonnes et je repars avec le plein d'eau fraiche et de glaçons.
Mon hébergement du soir est au Reelfoot lake state park,c'est tout près et j'ai encore plein de temps devant moi pour aller sur un des ordis de la bibliothèque publique de Tiptonville. La bibliothécaire est gentille comme tout, m'explique plein de choses sur sa ville dont le nom donné si bien (fondée par le couple Tipton), et m'épate quand elle me dit être apparentée par sa tante à la famille de Carl Perkins, un fameux "rockabilly" natif de la ville.
Elle me présente aussi à tous les visiteurs de la bibliothèque, et en discutant j'apprends qu'à cause des inondations le ferry que j'avais prévu de prendre demain pour continuer sur la rive ouest est fermé. Je suis déçue et je dois me renseigner pour une alternative (souvent les ponts sont dangereux en velo).
Je m'installe le soir au camping de Reelfoot lake state park, enfin une douche et une lessive bienvenus. ..même s'il se met à pleuvoir en debut de nuit.
D'ailleurs, plusieurs personnes m'ont annoncé un rafraîchissement de la température et surtout une baisse du taux d'humidité, c'est ça qui rend la chaleur si insupportable !
Le soir, 2 jeunes qui travaillent sur le state park viennent me présenter Lucie, une adorable petite chouette, recueillie depuis 6 mois et qui est devenue la mascotte du parc. La jeune fille est tres douée pour imiter les cris des oiseaux et elle me fait une incroyable démonstration.


village fantôme de Henning
cimetière tout fleuri
rayon de douceurs au supermarché de Rippley
champs inondes le long de la SH 181
toujours sur la SH 181
flocons d'avoine instantanés et soupe miso
les rampes d'arrosage dans l'eau
Carl Perkins, est né a Tiptonville. Il a aussi enregistre aux Sun studio de Memphis

4 commentaires:

  1. Salut Jojo, C'est super d'être rentrée car sur mon ordi je peux te suivre comme ton ombre... sur google maps -lol-. Je vis les moustiques, le manque d'eau, les montées-descentes (qui me rappelle le Gers -dur,dur-), tes rencontres, tes joies et coups de flips, comme si j'y étais. En plus ici c'est la canicule, donc je n'ai qu'à m'imaginer avec un fort taux d'hygrométrie et j'y suis -enfin, presque-. Merci pour tes photos et ton humour. Alors à bientôt rive droite ou gauche, tu vas savoir faire :) Bises, Chantal

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  2. Florence29/6/15

    Le récit de tes aventures est passionnant, j'attends la suite avec impatience, comme une série à laquelle on peut être accro !
    Bonne route

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  3. Anonyme29/6/15

    Ccou, merci pour les photos et le récit.Bon courage pour la chaleur et les moustiques....
    Dominique

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  4. cc la belle! voilà j'ai tout tout rattrapé, MAAAA tu as vécu dans le st GGRRAAALL !!!!!!
    heureuse de te retrouver et je comprends quel déchirement ça a été de quitter cette ambiance :) le blues le blues le blues that's all!
    même les moustiques devaient y être différents, nan?
    le truc super c'est la gentillesse et la grande disponibilité de tes hôtes, c'est adorable (mais TAMEN, tu n'es pas n'importe quelle little french girl, you are JOJO, la cycloteuse!)
    et je suis rudement surprise de tous ces coins abandonnés, fantomatiques ... les inondations? la crise? je ne pensais pas que tu serais confrontée à ces grandes zones vides
    allez, je ne te quitte plus d'un moment: vidage de cartons le matin, sur la route d'après Memphis avec la belle (plus brushinguée mais toujours belle) jojo et son vélo
    plein de bisous, bonne route
    (nous aussi on dit grand merci à JPP)

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