Effectivement il a plu pendant la nuit et c'était une bonne
idée de mettre la tente sous abri, c'est l'avantage des tentes autoportantes.
Jamie, la cycliste ( qui est aussi postière) et Scott le
biker m'offrent des fruits et des barres de céréales pour tenir le coup dans la
journée, et c'est bienvenu car je redoute tellement l'entrée dans les grandes
villes.
Juste après Prescott, le pont sur le Mississippi marque
l'entrée dans le Minnesota. Ensuite le MRT propose 2 options. Je choisis la
plus courte, la route Est, je ne saurais jamais si la route Ouest était plus
simple...
Au début tout va bien, depuis l'entrée dans le Minnesota,
les balises du MRT sont présentes et nombreuses (dans certains états comme le
Wisconsin , il n'y en a pas ), faut pas les louper parce c'est un vrai jeu de
piste que je suis avec beaucoup d'attention, qui me conduit aux portes de St
Paul. Après, je suis furieuse, car la route est coupée : "bridge closed
detour", et je suis désespérée car je n'ai plus aucun repère. Je me
débrouille comme je peux, il y a des sortes de rocades et comme dans toutes les
grandes villes, je suis perdue à chaque intersection. Heureusement un cyclo me
guide jusqu'à une balise MRT sur la rive ouest, et je reprends ma progression
dans les twin cities, un peu trop concentrée sur l'itinéraire. J'avais prévu de
prendre un hébergement sur place pour visiter, mais ça ne s'est pas vraiment
présenté et peut-être au retour.
La clock tower de Prescott |
Pont adapté aux vélos |
Vue sur St Paul |
Tout ce qu'il faut pour entretenir son velo, réparer, gonfler... |
Fort Snelling ... |
...qui était un camp d'internement pour les indiens Dakota |
Minehaha falls |
En fin de journée j'arrive au State Park de Fort Snelling.
Je sais qu'on ne peut pas y camper, mais je n'ai pas vraiment le choix, et puis
l'endroit est assez joli. En attendant la nuit, je squatte une table au Visitor
center, qui est fermé, mais où il y a des toilettes, de l'eau, du wifi... Un
Ranger vient faire je ne sais quoi, on discute, il va me chercher des brochures
et je finis par lui demander franchement si je peux installer ma tente dans le
parc. D'abord il dit que c'est pas possible, que la police fait des rondes,
puis il finit par me montrer un endroit discret, qui me semble parfait, et
enfin après avoir appelé sa femme, me propose de dormir dans leur cour, car il
aimerait bien me présenter sa fille ado qui apprend le français. C'est vraiment
adorable et je culpabilise encore d'avoir refusé, mais il fait déjà nuit, je ne
me sens pas de rouler encore un quart d'heure, alors que ce petit spot à Fort
Snelling est si sympa!
Le lendemain matin, j'essaie de me lever et de démonter très
tôt comme je lui ai promis, mais évidemment déjà à 7 h il y a un tas de
cyclistes, joggeurs, marcheurs...
Je poursuis ma progression toujours en suivant le MRT, qui mène aux Minehaha Falls, où je fais
connaissance avec un couple de cyclistes locaux, et nous roulons ensemble un
bout de chemin.
Encore une déviation dans Minneapolis et grâce à elle je
passe devant Seward, un genre de supermarché bio et alternatif, où je trouve
tout ce qu'il faut (salade bar, fruits frais, carrot cake...) pour mon festin que
je déguste sur place (tout est prévu).
Seward,un supermarché bio et alternatif |
Stonearch bridge |
Encore un pont bien conçu pour les cyclistes |
La route continue, on passe des ponts super bien conçus pour
les vélos, je finis par sortir de la ville mais ça a été long et déjà la
question de l'hébergement du soir se pose, les campings sont rares et pas vraiment
sur ma route.
Pour la suite,
personne ne va me croire !!!
Alors que je fais le point vers 7h du soir à l'aide du wifi
d'un mcdo, je reçois un email d'un presqu'inconnu, Jake, que j'avais rencontré
le matin à Fort Snelling (il courait). Et il tient justement à m'offrir une
chambre d'hôtel sur ma route, à Anoka, il a réservé et payé pour moi, un cadeau
dit-il en retour du don de la statue de la Liberté. Résumé ainsi, ça semble
invraisemblable, surtout qu'il ait pu retrouver ma trace rien qu'avec mon prénom,
mais je ne donnerai aucun détail là-dessus (ou alors contre 50 $).
J'entends peut être quelques ricanements, mais moi je suis
sur un petit nuage, j'imagine que tous ces gestes d'hospitalité qui
s'accumulent ne peuvent être que le résultat d'un énorme complot visant à me
faciliter le voyage ! Et ... j'ai donc
accepté ça comme un cadeau, et la chambre d'hôtel est vraiment tombée à pic ! Merci M. Bartholdi !
Le lendemain, il y a beaucoup de vent et là, il est
nettement contre moi (je me suis dit : si quelqu'un peut faire quelque chose
...). Je n'avance pas très vite et bientôt je m'aperçois que mon pneu arrière
est déjà dégonflé, le genre de fuite lente mais que je veux régler au plus vite
: il ne s'agit pas de gâcher les derniers jours avec une nouvelle crevaison, je
n'aurai pas toujours la chance de trouver un bike shop dans le nord. En
attendant, le compresseur d'une station essence fait l'affaire. Je dors au Rv
campground de Clearwater, et le matin le pneu est de nouveau à moitié dégonflé.
Le gérant me propose son compresseur, ce qui me permet d'arriver au bike shop
de St Cloud. Pas de sentiment, je change le pneu pour être tranquille. Encore
du vent, mais je roule plus sereine, et en fin de journée j'arrive au camping
du state park Charles Lindbergh à Little Falls, où j'ai un bel emplacement pour
la nuit.
Encore une anecdote : sur la route, une voiture s'arrête à
ma hauteur et me demande si je veux bien m'arrêter moi aussi. C'est un vieux
monsieur, avec une casquette de l'US Air Force sur la tête. Il m'avait dépassé
un moment avant, puis il s'est fait beaucoup de souci pour moi, car peu après
il a vu sortir du fossé un type "louche", tout en noir (même la
peau!), capuche sur la tête, genre vagabond. Je l'avais vu aussi. Je ne sais
pas ce qu'il a imaginé, mais une fois rentré chez lui, après avoir discuté avec
sa femme, il a voulu vérifier qu'il ne m'était rien arrivé et il a repris sa
voiture pour me retrouver. Du coup, il m'offre un soda de sa glacière et voilà
donc encore quelqu'un qui veille sur moi !
Vraiment extraordinaire, toutes ces histoires! On dirait du Pierre Bellemare...
RépondreSupprimerJ ai regardé sur la carte où tu es (à peu près) et il me semble bien que tu es tout près du but.
Je te souhaite de pouvoir l atteindre sans trop d embuches. Enfin, juste ce qu il faut.
Alors maintenant, enleve encore une dent à l arrière, baisse la tête et pédale!
On t embrasse.